Valentin Carron (1977, Fully) est un artiste suisse, reconnu pour son travail de sculpture. Habitant dans le canton du Valais, il s’inspire des paysages et de son environnement immédiat. Au fil de ses pérégrinations, les éléments architecturaux et objets vernaculaires, les œuvres d’art dans l’espace public, les musées ou encore les fondations suisses, nourrissent son imaginaire. 

Enclin à l’appropriation, Valentin Carron collecte, amasse, juxtapose, détourne, transforme les représentations de formes ordinaires oubliées tout en incitant le spectateur à porter un regard nouveau et attentif sur son quotidien. Des objets, d’apparence familière mais anonyme, sont ainsi reproduits de manière factice. Des bassins de villages en pierre deviennent des sculptures en résine, des croix passent de la pierre au polystyrène ou à la fibre de verre, des horloges suisses, en bois aggloméré. Ce sont autant d’images du folklore, détournées de leur fonction originelle, qui interrogent la perception idéalisée de la Suisse. L’artiste s’approprie ces morceaux de réel mais ne les copie pas ; il les réplique, les interprète et les transpose dans une nouvelle réalité, grâce au changement de matière. Les œuvres suscitent alors le doute et posent la question de l’authenticité. 

Sur une invitation de l’Office de Tourisme Dijon Métropole, sa sculpture Ravage with pink granite (after Tommasini), issue de la collection du Consortium Museum*, est installée dans la chapelle des Élus devant la Déposition de croix de Jean Jouvenet*. Symbole de la duperie de l’artiste, cette œuvre est la réplique d’une sculpture existante qui se trouve sur le parvis de la bibliothèque de Lausanne, réalisée en 1976 par André Tommasini* dans le cadre du 1% artistique. Valentin Carron déjoue ici l’héritage du passé tout en s’appropriant le travail de son prédécesseur. Originellement en granit rose (pink granite), la sculpture, est reproduite en résine et polystyrène peint. Non sans humour, l’œuvre négligée retrouve ainsi, d’une certaine façon, ses lettres de noblesse. 

Polystyrène, résine, 147 x 162 x 130 cm
Courtesy de l’artiste et kammel mennour Paris/Londres
Collection Consortium Museum, Dijon